MOBILITÉ

Lisez différentes perspectives sur la mobilité en relation avec l'éducation à la citoyenneté mondiale et le travail de jeunesse.

Dans cette section, nous voulons donner une définition du terme « Mobilité » dans le contexte du travail de jeunesse et en examinant les « Objectifs européens de la jeunesse » 1, ainsi que ceux des Nations Unies, les  17 objectifs de développement durable (1), entré en vigueur le 1er janvier 2016 pour 15 ans (jusqu'en 2030) et qui les a inspirés. L'accent sera mis principalement sur la mobilité des jeunes au niveau local et international en prenant l'exemple de deux associations/structures de jeunesse, et sur l'impact de la mobilité sur le changement climatique et les solutions possibles pour le réduire dans le cadre d'une éducation non formelle des transition écologique (Éducation au développement durable (2) ).

Définition de la mobilité comme mouvement dans l'espace

Le terme mobilité (3) donne l'idée d'un déplacement d'un lieu à un autre dans une situation donnée, que ce soit dans le cadre de la vie quotidienne locale (pour aller à l'école, au travail, vers des lieux de loisirs...) mais aussi sur un ponctuelle s'il s'agit de mobilité professionnelle ou internationale. Le mot transport est l'un des mots-clés de la mobilité.
A. La transition écologique dans le contexte de la mobilité La mobilité a un impact majeur sur le changement climatique. Depuis la révolution industrielle, les différents modes de transport de personnes et de marchandises ont évolué et se sont développés : certains modes de transport, comme la voiture puis l'avion, autrefois considérés comme « luxueux », se sont démocratisés. La société de consommation s'est également développée, notamment avec la facilité d'achat, le transport de marchandises (livraisons) et la fast fashion.2.
99 % of the world's urban population breathe polluted air according to new world health organization air quality guidelines of PM2,5

Ces deux faits ont un impact sur l'émission de CO2 dans l'atmosphère. Certaines personnes, dont certains jeunes, sont victimes de cette consommation rapide et bon marché, les amenant à consommer beaucoup et souvent. Cela entraîne une augmentation des émissions de dioxyde de carbone dans l'atmosphère (transport de matières premières et livraison de colis) ainsi qu'une production massive de déchets (plastique, appareils électriques à obsolescence programmée, vêtements de mauvaise qualité issus de la fast fashion…) qui seront , pour certains, recyclés, mais aussi (ré)envoyés vers les pays du Sud pour une possible, mais peu réutilisation (4). Souvent, les objets en question sont en si mauvais état ou en si grande quantité que les personnes sur place ne peuvent pas les traiter. Ces déchets sont ensuite accumulés dans des décharges à ciel ouvert, mais aussi en mer. Tout cela contribue à la pollution de l'air, de l'eau et du sol, au changement climatique, à la détérioration des

la santé humaine (danger de ces zones et des produits chimiques) et l'extinction des espèces animales.
 
Pour réduire notre impact environnemental en matière de transport, il est possible de trouver des solutions alternatives aux modes les plus émetteurs de CO2 (avion, bateau, voiture) en adoptant par exemple les transports en commun (train, tram, métro, bus), voiture- les systèmes de partage, l'auto-stop (rezopouce (5) par exemple en France) ou encore le vélo ou la marche sur de courtes distances, et en évitant au maximum les longues distances sur le globe. On les appelle aussi mobilité « douce » ou « éco-responsable ».
 
L'adoption de ces modes de déplacement contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans un premier temps, mais aussi à désengorger les villes, à rendre les lieux plus sûrs pour les usagers de la route et la ville en général, à réduire les nuisances sonores, à rendre le un air plus sain, et de gagner de la place pour les usagers (moins de stationnement, plus d'aires de jeux, de parcs, etc.). Les jeunes étant souvent dépendants des transports en commun ou du transport de leurs parents, ils
gardent souvent les habitudes qu'ils ont développées dans leur enfance lorsqu'ils deviennent des adultes indépendants. Il est donc important de les éduquer sur ces sujets et de les sensibiliser à leurs propres habitudes de déplacement (avec leurs parents, en milieu rural et urbain) afin qu'à leur tour, ils sensibilisent leurs proches, puissent prendre des initiatives et ensuite devenir des citoyens responsables en tant qu'adultes.
B. Migration et impact du changement climatique sur les flux migratoires 
 
Le terme migration est aussi parfois utilisé pour désigner un changement de lieu dû, par exemple, à un conflit, à la famine, au besoin de main-d'œuvre, etc. Sur leur chemin, les migrants sont confrontés à des obstacles liés à leur sexe, leurs moyens financiers, leur âge, leur état de santé et leur capacité à se déplacer, ainsi que les politiques de leur pays d'origine et des pays qu'ils devront traverser. Ainsi, les frontières de certains pays sont ouvertes à certaines nationalités et pas à d'autres (7).
En 1951, ratifiés par 145 États parties, les Accords de Genève définissent le statut des migrants « contraints » de quitter leur pays en cas d'urgence, les réfugiés, et énoncent les droits des personnes concernées, ainsi que les obligations légales des États à assurer leur protection (8). Ainsi, un réfugié est « une personne qui ne peut ou ne veut retourner dans son pays d'origine en raison d'une crainte fondée d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ». (9).
 
Infographic: 5895 Migrants lost their lives in 2021 - the deadliest year since 2017 for migrants.
Infographic: number of refugees outside their country of origin increased by 41% between 2015 and 2021. 216 per 100000 people in 2015 and 311 per 100000 people in mid-2021.
Actuellement, à cause du changement climatique, on peut aussi parler de « réfugiés climatiques », dont les populations sont les plus touchées dans les pays du Sud. Certaines populations sont contraintes de quitter leur pays à cause de la sécheresse, des catastrophes naturelles et de la montée des eaux, rendant les récoltes plus difficiles et plus rares et entraînant famine et malnutrition. L'élévation du niveau de la mer (due à la fonte des glaciers, à la calotte glaciaire et aux phénomènes météorologiques violents) oblige les habitants des îles et des côtes à les abandonner, car elles sont vouées à disparaître.
 
three infographics first: sea level will rise 20 to 60 cm by the year 2100. second: drought estimated to displace 700 million people by 2030. Third: medium- to large scale disasters will increase 40% from 2015 to 2023.
La mobilité recouvre ainsi une variété d'enjeux, notamment économiques, géographiques, matériels, écologiques, politiques et sociaux.
Les contextes dans lesquels ce terme est utilisé nous intéressent également dans le travail de jeunesse en éducation populaire et en particulier dans le travail de jeunesse international.
1 résultat d'une réunion des jeunes à Sofia (250 jeunes), Bulgarie en 2017-18 organisée par l'Union européenne pour recueillir la voix de 50 000 jeunes afin de créer ensemble la stratégie européenne pour la jeunesse 2019-2027
2 Le fait que les distributeurs de vêtements sortent tous les quinze jours de nouvelles lignes à bas prix et que celles-ci sont souvent fabriquées par des travailleurs en situation précaire dans les pays du Sud..
Définition de la mobilité dans le travail de jeunesse

La mobilité est au cœur des problématiques de déplacement des jeunes. En fonction de leur origine socio-économique et géographique et de leurs capacités physiques et mentales, leur mobilité prendra une dimension différente.

Il est important de comprendre le point de vue des jeunes de notre environnement immédiat et ensuite de leur transmettre le point de vue des jeunes du Sud dont ils peuvent aussi faire partie et auquel ils peuvent apporter leur témoignage. Comme exemple d'associations travaillant avec les jeunes en Occitanie, il y a les Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC), Maisons de la Jeunesse et de la Culture en anglais, en Occitanie. Il existe 150 MJC en Occitanie avec 70 000 adhérents et 1 500 bénévoles. Ils sont présents dans les villes et à la campagne.

La définition de la mobilité retenue par les MJC reflète généralement les enjeux : pour elles et leurs adhérents, il s'agit surtout de se déplacer localement, librement et même de manière autonome (facilité d'accès), souvent sur le trajet domicile-école-MJC.
La plupart des jeunes de la MJC se déplacent en mobilité douce pour ceux qui habitent en ville ; à la campagne, ils se déplacent en voiture avec leurs parents ou en transports en commun. Le réseau de transports étant souvent peu développé (sous forme de navettes, de bus scolaires ou de liaisons vers la plus grande ville, mais pas entre communes voisines) et les distances trop importantes pour être parcourues à vélo ou en trottinette, certaines MJC organisent également des pick-up en minibus pour permettre au plus grand nombre de se rendre sur les sites d'activités. Pour favoriser la mobilité douce, le territoire n'est généralement pas adapté : peu ou pas de pistes cyclables, routes dangereuses, éloignement du public et des salariés.
 
Cette définition est ensuite étendue aux niveaux régional, transfrontalier (Espagne, Andorre pour l'Occitanie), national et international.
Dans les clubs de jeunes ruraux, la difficulté n'est pas seulement d'accéder à une mobilité liée à la géographie et à la disponibilité des réseaux de transport, mais aussi à une peur de sortir de leur environnement connu, en quelque sorte une mobilité mentale limitée par leurs propres croyances et les peurs du inconnues, limitant ainsi leurs choix d'orientation au niveau scolaire et de la formation professionnelle, mais aussi au niveau de la mobilité nationale et internationale. La MJC est donc présente avec ces
jeunes pour les aider à gagner en confiance en eux et en autonomie pour réaliser leurs projets.
 
L'accès général à l'information sur la mobilité internationale est difficile, même pour les professionnels, ou incomplet. Les jeunes s'imaginent qu'il n'est réservé qu'aux personnes allant à l'université, fermant ainsi la possibilité de voyager plus tôt ou dans un autre contexte (non formel via les MJC par exemple ou pendant leur formation). Afin de favoriser la mobilité des jeunes à l'étranger, un poste de référent Mobilité Occitanie au sein de la MJC a été créé, afin de diffuser l'information dans le réseau et d'aider à organiser des voyages et des échanges à l'étranger pour élargir les compétences des jeunes (autonomie, compétences interculturelles , compétences linguistiques) et de les inciter à partir plus tard par eux-mêmes, mais aussi d'accueillir les jeunes qui viennent
de l'étranger dans le cadre du Corps européen de solidarité ou du Service volontaire franco-allemand. Cela permet aux jeunes français de voir par eux-mêmes ce que pourrait être une expérience de mobilité internationale. D'une manière générale, l'échange entre pairs est essentiel dans la vision de développement de la mobilité internationale pour la MJC (10).
Définition selon Roudel

L'association Roudel (11) a pour mission de favoriser les rencontres et les échanges entre les peuples, les sociétés, les langues et les cultures.

Comme la MJC, l'objectif principal de Roudel est d'organiser des rencontres de jeunes pour favoriser l'échange entre eux de manière encadrée (méthodes d'animation linguistique et interculturelle, propositions d'activités pour réfléchir aux rassemblements interculturels, identitaires…), mais aussi lors de temps informels (temps libre , repas, etc.). Même si, à travers ses partenariats, Roudel privilégie les échanges avec l'Allemagne entre autres, tous les jeunes sont concernés, de tous les milieux socio-économiques, quels que soient leur formation, leur niveau de langue ou leur origine, de 10 à 30 ans, ainsi que l'animation socio-éducative acteurs de l'éducation formelle et non formelle, concernés par ces échanges internationaux.

L'accent est mis sur les jeunes qui ont peu ou pas accès à la mobilité internationale en raison de leur lieu de résidence (ville - quartiers défavorisés - ou campagne), de leur formation, de leur niveau d'études, de leur orientation sexuelle ou de leur sexe, de leurs origines ethniques ou de leur handicap (Jeunes moins favorisés (12) ).

Ainsi, Roudel propose de rechercher des partenaires en Allemagne, voire d'organiser un échange d'associations de l'Economie Solidaire et Sociale et de l'Education Populaire, d'institutions, de groupes de formation professionnelle et de jeunes individuels pour faire vivre à leur public ce qui sera souvent une première mobilité. L'Association propose également des formations à l'animation interculturelle ou à la méthode Betzavta ainsi que des rencontres de formation entre professionnels de l'animation socio-éducative entre l'Allemagne et la France.

Les enjeux de la mobilité dans ce contexte sont donc de trouver des acteurs concernés par cette tranche d'âge et ces objectifs, qui doivent être motivés et convaincus que la mobilité internationale est importante pour leur développement personnel et professionnel alors qu'ils n'ont pas encore été sensibilisés à it (compétences sociales, linguistiques et interculturelles) avec l'aide des travailleurs sociaux et de jeunesse locaux.

Les rencontres et activités interculturelles lors de voyages à l'étranger ou lors de l'accueil de jeunes étrangers permettent ainsi, consciemment ou inconsciemment :

  • Être conscient de sa propre identité, de ses valeurs et orientations, opinions et perceptions
  • Reconnaître et analyser ses propres actions, pensées et sentiments par rapport à ses racines culturelles (perception de soi et de l'autre)
  • Comprendre l'autre dans le cadre de sa socialisation au sein d'une autre culture, faire preuve de respect et d'ouverture aux différents modes de vie
  • Être capable d'être ouvert et flexible face à des situations nouvelles et inconnues, être capable de s'engager et de se comporter de manière appropriée
  • Prendre conscience de son propre rôle, pouvoir s'en éloigner et le changer (changement de perspective)
  • Pouvoir se mettre à la place des autres et ressentir cela (empathie)
  • Connaître les mécanismes et le fonctionnement des préjugés et les percevoir en soi
  • Savoir à quels niveaux les différences peuvent être cachées et être curieux des significations derrière les différences visibles et des causes de leur apparition
  • Être capable de considérer les différences et les contradictions comme normales, de les tolérer, de faire coexister des visions et des valeurs différentes et de les reconnaître (tolérance à l'ambiguïté)
  • Accepter l'étranger et le fait de ne pas comprendre (tolérance à la frustration)
  • Être capable de communiquer verbalement et non verbalement
  • Être conscient que l'apprentissage interculturel est un processus qui dure toute la vie et être toujours prêt à apprendre à nouveau (13)

Tout cela permet aux jeunes de comprendre, déconstruire et lutter contre les processus de discrimination et d'intolérance pour devenir de meilleurs citoyens européens et construire un avenir apaisé. Il permet également de préparer l'accueil et l'intégration des réfugiés en général et des réfugiés climatiques en particulier, qui seront bientôt plus nombreux du fait du changement climatique.

D'autres problématiques, comme le type de voyage choisi par les jeunes, de plus en plus sensibles au changement climatique (mouvement de grève scolaire des Vendredis du futur - augmentation de l'éco-anxiété) et l'idée de voyager dans la période post-Covid peuvent freiner certains participants et leurs parents à réfléchir à une éventuelle mobilité à l'étranger et à l'accès aux informations sur la mobilité internationale.

Avec le changement climatique, l'avion est aussi devenu un mode de transport à éviter, et Roudel s'est donné pour mission de privilégier le train pour ses rendez-vous internationaux afin de limiter l'impact CO2 et de rester fidèle à ses valeurs de lutte contre le climat. changement. Il est également essentiel pour Roudel de maintenir des coûts bas pour les participants malgré l'inflation, afin que le plus grand nombre de personnes puisse encore faire l'expérience de la mobilité internationale.

Conclusion
Parmi les objectifs concernés figurent ici une éducation de qualité (4e) « le parcours façonne la jeunesse », l'égalité femmes-hommes (5e), la réduction des inégalités (10e), les villes et communautés durables (11e) (accès à la mobilité locale et internationale pour tous), la consommation responsable et la production (12e) et les mesures de lutte contre le changement climatique (13e) dans le choix des modes de transport, par exemple, et la paix, la justice et des institutions efficaces dans le travail de jeunesse (16e) mené, par exemple, par les clubs de jeunes au niveau local ou à l'international par des associations comme Roudel, qui œuvrent pour la paix et l'éducation aux valeurs universelles comme la tolérance, la diversité, l'inclusion ou la conscience écologique chez les jeunes (14). Il est important que les jeunes du Nord soient conscients de la situation générale dans le monde et du Sud en particulier, qu'ils comprennent la situation actuelle et qu'ils soient suffisamment informés pour prendre en compte la situation des personnes qui souffrent de changement climatique, et c'est la mission des organisations de travail de jeunesse de transmettre des outils et méthodes pour eux.
Les références
  1. https://sdgs.un.org/goals (15.02.23)
  2. https://en.unesco.org/themes/gced (21.02.23)
  3. https://www.rezopouce.fr/ (21.02.2023)
  4. https://www.interrail.eu/en/interrail-passes/global-pass (23.02.2023)
  5.  
  6. https://www.unhcr.org/fr/convention-1951-relative-statut-refugies.html (21.02.2023)
  7. https://www.unhcr.org/what-is-a-refugee.html (23.02.2023)
  8. Enquête menée auprès du réseau de la MJC d'Occitanie
  9. https://roudel.org/ (21.02.2023)
  10. https://www.ofaj.org/media/referentiel-de-formation.pdf (06.03.2023)
  11. https://sdgs.un.org/goals (02.03.2023)
  12. Images 1 à 5 : https://sdgs.un.org/goalsDewi Glanville, (02.03.2023)
  13. Image 6 : MJC Aureilhan